Offre de stage M2 au Lisis. 6 mois.

Le laboratoire

Le LISIS est un laboratoire de recherche interdisciplinaire consacré à l’étude des sciences et des innovations en sociétés. L’enjeu de ses recherches est de comprendre les transformations sociales et politiques liées à l’innovation scientifique et technique dans notre rapport à l’environnement, à la globalisation économique et à la digitalisation des mondes sociaux et professionnels.

LISIS UMR CNRS-ESIEE Paris-INRAE-Université Gustave Eiffel Cité Descartes – Bois de l’étang – Champ-sur-Marne 77 454 Marne- la-Vallée Cédex France http://umr-lisis.fr www.ifris.org

Votre mission

Vous contribuerez à des travaux de recherche-action ayant pour objectif d’accompagner la mise en place d’une subvention d’état, le Fonjep-recherche. Cette subvention finance des activités en lien avec les recherches participatives dans les associations. Ces activités visent à assurer et structurer une interface efficace entre associations et établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Elles contribuent à facilitent les recherches participatives, entendues comme coproduction de solutions à des problèmes complexes dans le contexte de transitions environnementales et sociales.

L’enquête à laquelle vous participerez a pour but de mieux comprendre les intermédiations de recherche afin d’optimiser leurs impacts en termes de transitions environnementales et sociales.

Vous aurez pour mission de conduire et dépouiller une trentaine d’entretiens. Une grille d’analyse vous sera fournie, pour laquelle vous serez invitée à faire des propositions. Vous participerez aussi à des réunions et des observations sur le terrain.

Vos compétences et connaissances

· Pratique de la démarche socio anthropologique et notamment analyse d’entretiens et de documents scientifiques, observation participante, connaissance du logiciel In vivo

· Connaissance du milieu associatif : recherches participatives, innovation sociale et éducation populaire

· Gestion de projet

· Capacités rédactionnelles

Gratification selon convention stage masters 2 (environ 550 euros par mois)

Durée 6 mois

Contact : Evelyne LHOSTE, PhD, Chargée de recherche INRAE Laboratoire Interdisciplinaire Sciences

Innovations Sociétés, lhoste@inra-ifris.org

Offre d’emploi : Post Doctorant-e au Curapp-ESS (1 an). Programme ANR Space-Covid

Programme ANR Space-Covid

Modélisation de la propagation spatiale du covid-19 avec prise en compte de l’environnement physique et social

Résumé du projet

De nombreux modèles mathématiques ont été proposés pour aider les gouvernements à gérer l’épidémie de Covid-19 : vitesse de propagation de la pandémie, mesure de l’efficacité des dispositifs mis en place etc. Les modèles épidémiologiques les plus courants, ceux notamment sur lequel repose sur le calcul du taux de reproduction initial du virus, R0 et prédisant la dynamique d’une épidémie, sont fondés sur une décomposition de la population en compartiments. On les désigne comme les modèles SIR, qui reposent sur une trois catégories : Susceptible-Infecté-Retiré (ne participent plus à la propagation du virus). Aucun ne prend en compte de manière explicite l’environnement physique, ou les facteurs sociaux (conditions de vie et de logement, intensité de la sociabilité, etc.) susceptibles d’influer sur l’épidémie.

Le projet Space-Covid, financé par le programme Résilience Hauts de France, en partenariat avec l’ANR, rassemble des mathématiciens, qui entendent développer une modélisation alternative des dynamiques, notamment spatiale, de l’épidémie, des praticiens hospitaliers et des sociologues. La proposition de modélisation portée par les mathématiciens et médecins du projet repose sur l’introduction d’une quatrième catégorie d’individus : « Susceptibles d’être infectés », « Exposés », « Infectés », « Retirés ». Constatant que dans ces modèles compartimentaux, la seule particularité d’un individu est la classe épidémiologique à laquelle il appartient, le projet entend par ailleurs inclure dans l’analyse les hétérogénéités physiques et sociales.

L’équipe de chercheurs en sciences humaines réunie dans Space-COVID est chargée quant à elle de fournir des indicateurs sociaux alimentant le modèle mais également et surtout d’analyser cette élaboration modélisée comme un processus social dont il s’agit d’interroger les soubassements. Ce projet se situe donc à la croisée de la sociologie de la quantification et de la sociologie des sciences et techniques.

Tâches auxquelles le-la post-doctorant-e pourrait participer, selon son profil

– Établissement d’une base documentaire et sélection des données pertinente pour réaliser une cartographie sociale de la diffusion du virus à partir de l’étude des expositions et des réactions socialement différenciées des individus en fonction de leur environnement et de leurs caractéristiques sociales : respect des distances physiques, usage plus ou moins systématique de masques, hygiène des mains, comportements dans l’espace public, sensibilité au discours médical, respect des règles de confinement, etc.

– Participer à la modélisation des réseaux de connexion des personnes, afin de saisir les ressorts sociaux de la dynamique de propagation du virus. On peut supposer que le risque de contagion et de transmission du virus à autrui varie selon le degré d’ouverture ou de fermeture des groupes sociaux, la taille des réseaux familiaux, amicaux et professionnels, et de leurs interconnexions entre eux etc..

– Étude des processus sociaux du travail de modélisation en tant qu’il constitue un travail de mise en commun d’équipes, de compétences, d’instruments, de connaissances, de catégories de classement des publics ; étude de la concurrence entre plusieurs approches de l’épidémiologie,

notamment, épidémiologie prédictive et épidémiologie de terrain, en partant de la manière dont leurs modèles sont construits, dont ils circulent, dont ils informent le politique.

Compétences attendues

La personne retenue devra être titulaire d’un doctorat en sociologie ou sciences politiques. Elle devra être à l’aise avec les méthodes d’enquête ethnographiques et avoir travaillé sur des objets en lien avec les tâches à réaliser, par exemple sur les sciences, les inégalités spatiales, les réseaux, la quantification, ou encore la modélisation.

Pour réaliser l’enquête ethnographique, la personne recrutée devra notamment travailler avec des mathématiciens et observer leur travail. Des compétences en analyse quantitative (par exemple : analyse réseaux, bibliométrie, analyse spatiale etc.) seraient appréciées, sans être obligatoires.

La personne retenue, devra faire preuve d’une grande autonomie dans le travail, disposer de bonnes compétences rédactionnelles, et maîtriser l’anglais.

Le travail attendu consistant largement dans des observations ethnographiques réalisées à Amiens et dans sa région, la personne retenue sera amenée à s’y installer, au moins temporairement.

Structure d’accueil

La personne recrutée sera accueillie au sein du Curapp-ESS (Centre Universitaire de Recherche sur l’Action Publique et le Politique, UMR 7319, CNRS-UPJV) situé à Amiens et travaillera en lien avec le LAMFA (Laboratoire Amiénois de Mathématiques Fondamentales et Appliquées, UMR 7352, CNRS-UPJV) et le laboratoire Agir (Agents Infectieux, Résistance et Chimiothérapie, UR 4294, UPJV).

Rémunération

2800 euros brut (2245 euros net) mensuels

Date de prise du poste et durée du contrat

La prise de poste interviendra le 1er mars 2021 pour une durée de 12 mois soit jusqu’au 28 février 2022.

Conditions de candidature

La personne recrutée doit avoir soutenu une thèse en sciences sociales (préférentiellement en sociologie) comportant des liens avec les tâches à réaliser.

Dossier de candidature

– CV de 5 pages maximum
– Rapport de soutenance de thèse
– Perspectives de participation aux différentes tâches – Lettre de motivation

Calendrier et contacts

– Date limite d’envoi du dossier de candidature : 18 janvier 2021
– Sélection des dossiers et entretiens : du 18 janvier au 25 janvier 2021

Envoi des dossiers et demandes d’information

Vincent Cardon : vincent.cardon@u-picardie.fr

Rémy Caveng : remy.caveng@u-picardie.fr

Offre d’emploi, Ingénieur.e d’études au Curapp-ESS

 Programme ANR Neosolid-R 

Nouvelles solidarités et résilience par temps de crise 

Résumé du projet 

Financé par le programme Résilience Hauts de France, en partenariat avec l’Agence Nationale de la Recherche, ce projet porte sur les initiatives locales ayant émergé pour faire face à la crise sanitaire, économique et sociale causée par l’épidémie de coronavirus. Pour cela, on s’intéressera à ce qui se donne à voir et à penser comme des tiers-lieux tout en élargissant le champ d’investigation aux initiatives locales, plus ou moins formelles, de mise en commun et d’échanges de ressources (biens, services, etc.). Il s’agira d’analyser la manière dont ces initiatives sont à l’origine d’un processus de constitution de collectifs orientés vers une action commune visant à résoudre les problèmes liés à la crise et, par extension, à pérenniser la prise en charge locale des problématiques du quotidien dans une logique d’entraide et de partage. 

Le programme comporte trois grands axes de travail. 

Le premier concerne effets de la crise sanitaire sur les inégalités et les vulnérabilités. Le deuxième porte sur les initiatives locales ayant permis de contrecarrer ces logiques par l’élaboration de réponses au sein d’ espaces de socialisation, d’émancipation ou de nouvelles pratiques individuelles et collectives favorisant la « résilience » individuelle et collective. Enfin, le troisième cherche à identifier les conditions rendant possible la pérennisation, la diffusion, voire la duplication d’expériences ayant émergé dans des contextes spécifiques. 

Missions 

– Recherche (1/3 du temps de travail) 

La personne recrutée participera aux opérations de recherche avec les membres titulaires du programme (entretiens, observations, recherche documentaire, analyse des réponses aux questionnaires…). 

– Appui à la recherche (1/3 du temps de travail) 

Elle effectuera des tâches de prétraitement et de traitement des matériaux empiriques (transcription d’entretiens, reprise des transcriptions automatiques d’entretiens, préparation de bases de données) 

– Coordination scientifique (1/3 du temps de travail) 

Elle assurera un rôle de coordination scientifique du projet : saisie des ordres de mission et suivi des commandes en lien avec le gestionnaire du budget, organisation des réunions périodiques des membres du programme, organisation du séminaire périodique du programme et de la journée d’étude conclusive du programme. 

Structure d’accueil, localisation du poste, horaires de travail 

La personne recrutée sera accueillie au sein du Curapp-ESS (Centre Universitaire de Recherche sur l’Action Publique et le Politique, UMR 7319, CNRS-UPJV) situé à Amiens. 

La personne recrutée sera localisée dans les locaux du Curapp-ESS à l’UPJV (Amiens). 

Les horaires de présence seront définis avec le coordinateur scientifique du programme conformément aux règles en vigueur à l’UPJV. 

Rémunération 

Le salaire brut mensuel sera de 2071,22 euros (IGE classe normale, 4ème échelon). 

Date de prise du poste et durée du contrat 

La prise de poste interviendra le 1er mars 2021 pour une durée de 14 mois soit jusqu’au 30 avril 2022. 

Profil attendu 

La personne recrutée doit être titulaire d’un Master en sciences sociales. Elle devra détenir des compétences méthodologiques variées : compétences rédactionnelles, capacités d’organisation, aisance avec les méthodes mobilisées par les sciences sociales (qualitatives et idéalement quantitatives) et les outils usuels de la bureautique. 

Dossier de candidature 

– CV de 5 pages maximum 

– Mémoire de M2 

– Lettre de motivation 

Calendrier et contacts 

– Date limite d’envoi du dossier de candidature : 3 janvier 2021 

– Sélection des dossiers et entretiens : du 4 janvier au 22 janvier 2021 

Envoi des dossiers et demandes d’information 

Rémy Caveng : remy.caveng@u-picardie.fr 

Offre d’emploi : Chargé d’études qualitatives / Enquêteur (H/F)

Missions :
• Réalisation d’entretiens de reconstitution des parcours professionnels (et résidentiels) auprès des patients atteints de cancer hématologique
• Rédaction de comptes-rendus d’entretiens, de résumés d’expertise et de courriers aux patients
• Organisation et co-animation de réunions (séances du collectif d’experts, réunions d’équipe, etc.)
• Appui à la recherche de financements
• Participation aux activités de recherche en cours (sur les parcours professionnels et les expositions aux cancérogènes, sur les parcours de déclaration-reconnaissance en maladie professionnelle, sur
les pratiques de prévention)

Poste basé à Avignon et sa région. Déplacements fréquents. Permis B requis, véhicule personnel souhaité (déplacements pris en charge).La personne sera intégrée dans l’équipe pluridisciplinaire du groupe de recherche avec des échanges réguliers avec les assistantes sociales, les chercheurs et l’équipe médicale.

Définition du profil
Formation : niveau Bac + 5 ou doctorat
• sciences humaines et sociales (sociologie, anthropologie, sciences politiques, psychologie sociale…)
ou
• ingénieur.e (santé & sécurité au travail, agronomie, environnement, etc.), avec une expérience pratique des méthodes qualitatives en sciences sociales

Compétences + expériences requises :
• Expérience solide dans le domaine des études qualitatives ET la conduite d’entretiens individuels
• Bonne pratique de l’outil informatique
• Connaissances + expérience dans les domaines santé / travail / environnement
• Compétences supplémentaires intéressantes :
        o maîtrise d’outils de traitement statistiques / de gestion de bases de données
        o connaissance du tissu productif du Vaucluse / de la région d’Avignon
        o maîtrise de la langue arabe

Qualités requises :
• Aisance relationnelle
• Capacités d’écriture et de synthèse
• Capacités d’animation et d’organisation
• Autonomie, rigueur et curiosité
• Goût pour le travail en équipe

5. « Fracture numérique », inégalités socio-économiques au sein de la population des répondants et conclusion

Du point de vue des équipements informatiques, on constate de fortes disparités entre des étudiants en majorité équipés d’un ordinateur personnel à usage exclusif et d’autres qui, ou bien n’ont eu accès, pendant le confinement, qu’à un ordinateur familial partagé avec d’autres personnes (N = 51, soit 7,6 %) ou bien n’ont consulté internet et travaillé que sur leur téléphone (N = 41, soit 6,1%). L’imprimante est moins répandue : près des deux tiers des étudiants n’en ont pas. Quant à la connexion à internet, si plus de 4 étudiants sur 5 disposent d’une connexion en permanence et 12% de manière intermittente, elle n’est de bonne qualité (permettant de télécharger de gros fichiers et de visionner des vidéos) que dans un peu moins de la moitié des cas et « mauvaise » dans 12%.

Les inégalités en matière d’équipement informatique et d’accès à internet redoublent les inégalités économiques entre les étudiants. Appelés à évaluer le confort de leur situation financière sur une échelle de 1 à 10 (graphique 12), 36,7% ont répondu moins de 5, la position modale (la plus répandue) étant de 7 (16,8%), et 19% (niveaux 9 et 10) déclarent ne pas avoir de difficultés financières. Les principales difficultés que rencontrent les étudiants les moins aisés concernent le paiement du loyer et des charges (49,1%), l’achat de nourriture (35,7%) – 8 étudiants ont bénéficié des bons d’achat alimentaire en remplacement du restaurant universitaire –, le paiement d’internet ou des transports (environ 19%) et enfin le remboursement des dettes, notamment des prêts étudiants 11,3%.

Graphique 12. Auto-évaluation par les étudiants de leur situation financière

En termes de sources financières (graphique 13), 408 étudiants (61% des répondants) ont une bourse sur critères sociaux, souvent cumulée avec des aides familiales (66%), des aides au logement (46%), et un job étudiant (21,6%), parfois mais plus rarement, des économies issues de jobs d’été ou des allocations de retour à l’emploi. Sur la composition de ces revenus, une analyse plus détaillée viendra dans un deuxième temps de l’exploitation des données.

Graphique 13. Ressources financières des étudiants interrogés

Le confinement a eu une incidence variable sur cette situation financière (graphique 14). Pour 48% des étudiants de l’UPJV, il ne l’a pas changée significativement mais plus d’un tiers fait face à une situation financière dégradée, un peu ou fortement.

Graphique 14. Diriez-vous de votre situation financière qu’elle s’est dégradée avec le confinement ?

Parmi les répondants, 23% occupe un emploi à côté de leurs études, et travaillent en moyenne 16,3 heures par semaine (médiane à 14,5). Mais 14% des étudiants ne peuvent plus assurer leur travail salarié (graphique 15) – soit 60% des étudiants ayant un emploi –, ce qui dégrade leur situation financière, dans des proportions variables. La moyenne d’heures hebdomadaires travaillées est passée de 16,3 à 8 en moyenne.

La situation financière de certains étudiants s’est cependant améliorée, ou bien parce que le retour au foyer familial a réduit les frais de la vie quotidienne, ou bien parce que le confinement a signifié l’augmentation du volume de travail salarié, réduisant de ce fait le temps et l’énergie disponibles pour les études. Les 18 étudiants qui ont augmenté leurs heures de travail, parfois de manière contrainte, travaillent en moyenne 20 heures de plus qu’avant le confinement.

Graphique 15. Avez-vous une activité rémunérée à côté des études?

Ceux qui ont gardé une activité sont le plus souvent (56,5% des cas) dans des métiers en contact avec le public (hôte ou hôtesse de caisse, grande distribution, personnel soignant etc.), et donc particulièrement exposés au risque de contagion. Mais un peu plus d’un tiers d’entre eux peut télé-travailler. On constate donc, au sein même de la population des étudiants salariés, de fortes disparités de situation, par rapport aux études, et au risque potentiel de contagion par le virus.

Conclusion : L’enquête menée auprès des étudiants donne un tableau général des modes de confinement et d’études auxquels ils ont été confrontés. Elle permet de mieux connaître et mesurer, dans une situation de crise inédite, les effets et incidences, sur les conditions de vie et de réussite des étudiants enquêtés, des cours et des évaluations qui ont été menés à distance. Ces premiers résultats attestent de la complexification des situations d’apprentissage à laquelle ont été aux prises les répondants, voire d’un creusement des inégalités sociales dans l’accès et le maintien aux études supérieures. Les observations précédentes plaident pour un usage réfléchi et prudent des formes d’enseignement à distance, qu’elles soient totales ou hybrides. Un traitement approfondi des données sera effectué et permettra d’apporter davantage d’informations. Par ailleurs, l’enquête s’est inscrite dans un exercice de continuité pédagogique, à destination au premier chef des étudiants, et pourra être transformée en matériel à usage pédagogique l’an prochain.

Lien vers l’enquête complète: http://amiens-sociologie.fr/index.php/enquete-sur-le-confinement-des-etudiants-de-lupjv/

4. Conditions d’études, enseignement à distance et “continuité pédagogique”

Pendant le confinement, la continuité du lien entre enseignants chercheurs et étudiants a emprunté différents canaux. Le moyen le plus fréquemment employé est le mail (83%), suivi de l’ENT. Il faut noter que certains étudiants (plus d’un quart) et enseignants-chercheurs n’utilisent pas ou peu l’ENT et préfèrent des alternatives variées : visioconférence, réseaux sociaux etc. (graphique 8).

Graphique 8. Moyens utilisés régulièrement pour communiquer avec vos enseignants et suivre les cours

La clarté des consignes et la quantité de travail demandé dans le cadre des études font l’objet d’appréciations contrastées (graphique 9). Un tiers des étudiants estime que le volume de travail demandé est supérieur à celui d’avant le confinement, un autre tiers estime qu’il est équivalent. De ce point de vue, on note une différence entre les licence et les master : alors que 36% des licence déclarent que le volume de travail est supérieur à celui de d’habitude, ce n’est le cas que de 19,7% des masterants.

Graphique 9. Considérez-vous que le volume de travail qui vous est demandé est…

En revanche, sur la question de la compatibilité du travail à réaliser avec les contraintes liées au confinement, cette différence licence/Master est très atténuée (graphique 10). Ce volume de travail n’est pas compatible avec les conditions du confinement pour un quart des répondants et ne l’est pas vraiment pour un tiers d’entre eux. Au total, ce sont près de 6 étudiants sur 10 (57%) peine donc à accomplir ce qui lui est demandé dans le cadre du télé-enseignement. Il reste qu’un quart des étudiants estiment que ce qui leur est demandé est totalement compatible avec leurs conditions de confinement.

Graphique 10. Le volume de travail qui vous est demandé est compatible avec les contraintes qu’implique cette situation de confinement

Les raisons de ces jugements opposés sont à explorer plus avant mais quelques premiers résultats indiquent, très schématiquement, un fort contraste entre des étudiants, nombreux, connaissant de « bonnes » conditions de confinement, pas isolés, ayant une pièce pour eux, peu de charges quotidiennes, pas d’emploi à côté, ayant réussi à maintenir un fort investissement dans les préoccupations universitaires etc. et les autres, moins nombreux mais qui expérimentent des situations beaucoup plus défavorables[1]. Que ces derniers aient répondu au questionnaire témoigne néanmoins de ce qu’ils ont réussi à maintenir vivaces des préoccupations universitaires et un lien avec l’institution. Les étudiants les plus désaffiliés restent, rappelons-le, invisibles avec ce dispositif d’enquête.

Il n’y a pas de mise en cause systématique du corps enseignant mais certains soulignent, dans leurs commentaires libres, que les enseignants-chercheurs, individuellement ou en équipe, sont très inégalement à l’aise avec la situation et le passage à l’enseignement à distance.

La modification (ou non) des exercices demandés implique un surcroit de travail, une accumulation des remises de travaux à certaines dates et donc un engorgement du flux de travail, un déficit de coordination sur les rendus qui se traduit notamment par un éparpillement des consignes, etc. Il n’est pas possible de restituer de manière nuancée dans cette synthèse courte les 143 commentaires rédigés par les étudiants sur la quantité de travail et le type de devoirs qui leur sont demandés. Certains sont assez véhéments, la majorité plus pondérés. Les quelques citations suivantes permettent de souligner des récurrences dans les discours étudiants, qui mêlent conditions matérielles et psychologiques de confinement et difficultés spécifiques liées au travail à distance[2] :

« Je rencontre énormément de difficultés en cette période de confinement avec la quantité de travail fournie, qui est, d’une part, plus élevée qu’en temps normal, et, d’autre part, absolument pas adaptée à la situation actuelle. J’ai la charge d’un adolescent de 14 ans, auquel je dois donner des cours régulièrement. Nous partageons un ordinateur pour trois, dont un collégien, moi-même étudiante, et mon compagnon, qui est en recherche d’emploi. » (Femme, 20 ans, Licence)

« Je fais partie des étudiants qui ont du mal à gérer le travail scolaire, les obligations familiales et le travail. Étant [travailleuse hospitalière], mon employeur a augmenté mes heures de travail et j’ai été contrainte d’accepter au vu de ma situation financière (prêt étudiant + Frais de véhicule) » (Femme, 20 ans, Licence)

« Personnellement, je trouve que les devoirs en groupe ne sont pas adaptés à la situation actuelle car il est difficile de travailler avec d’autres personnes à distance. » (Femme, 21 ans, Licence)

Étant à mon deuxième droit à la bourse, si je ne valide pas mon passage en L2, je n’obtiendrai de bourse pour l’année prochaine, et donc serai contraint d’arrêter pour le moment mes études en faculté, pour pouvoir subvenir à mes besoins primaires ( Alimentaire, logement, etc…) et donc à mon indépendance ( il m’est impossible de retourner chez des parents ). Ayant eu des difficultés avec la diffusion des informations de ma faculté, j’ai des préoccupations quant à la validation de certaines domaines de ma licence, et espère pouvoir les rattrapés en période de rattrapage. Voilà ma principal préoccupation, de laquelle logiquement découle mes réponses précédente, ne souhaite pas arrêter des études dans lesquelles, après une réorientation, j’ai trouvé ce qu’il me passionnait d’apprendre. Homme, 20 ans, Licence

« La charge de travail est plus importante que d’ordinaire, dans une situation extraordinaire. Bien qu’on soit chez nous, c’est pas pour autant que nous somme en capacité de travail. Certains étudiants ont leur proches à hôpital, d’autre ont ou vont devoir gérer des décès, certains travaillent comme énormément pour combler les manques de personnel. Et je pense que surcharge de travail scolaire nous donne juste l’impression de nous noyer. » (Femme, 28 ans, Licence)

« Mes journées se ressemblent énormément et malgré le temps disponible, et mes nombreux essais, il m’est quasiment impossible de travailler et d’avancer sur les écrits demandés, manque de motivation, impression de tourner en rond, perte d’envie, cela est très stressant et perturbant. L’avancement du mémoire de recherche est bloqué car les entretiens ne peuvent pas se réaliser, le directeur de mémoire m’encadre bien mais c’est difficile malgré tout. » (Femme, 23 ans, Licence Professionnelle)

La charge de travail pendant le confinement à presque doublé par rapport à ce qui nous est demandé habituellement. en plus de cela les travail de groupe on été maintenu ce qui rend le travail difficile puisqu’on ne peut pas se voir (Femme, 22 ans, Master 1)

Si l’on nous donne notre titre plus tard et qu’on ne peut donc pas prendre de poste avant au moins septembre, en sachant que je ne peux pas travailler dans mon job étudiant habituel (fermé jusque juillet minimum), financièrement ça va être compliqué (Femme, 23 ans, Master 2)

L’impossibilité d’aller à la bibliothèque universitaire, souvent mentionnée, pose problème à certains : lieu de socialisation qui établit une césure avec la vie quotidienne, elle permet à beaucoup de se concentrer, d’avancer sur les travaux à rendre, voire de disposer d’un outil informatique.

Pris dans l’économie domestique et psychologique du confinement, le temps que les étudiants disent pouvoir consacrer au travail universitaire est relativement faible : deux heures pour plus d’un quart d’entre eux et entre deux et quatre heures par jour pour 64 % des répondants (graphique 11).

Graphique 11. Combien de temps par jour (en nombre d’heures) estimez-vous pouvoir consacrer à votre travail pour vos études ? (Appuyez-vous sur l’expérience de ces derniers jours, sans sur-déclarer ni sous-déclarer).

Il faudrait croiser plus systématiquement que nous ne pouvons le faire ici ces jugements sur le volume de travail universitaire demandé et le temps disponible pour le réaliser avec les réponses sur les situations matérielles et sociales des étudiants. Ces analyses viendront dans un second temps. Gageons – c’est une hypothèse raisonnable – qu’existe en la matière un cumul des inégalités, dont il faudrait mesurer l’ampleur. Quelques premiers résultats montrent ainsi que ceux qui déclarent un niveau de confort économique inférieur à la moyenne[3] sont aussi plus nombreux à avoir un job étudiant, à en être privé pendant le confinement, à estimer le travail demandé plus important que d’habitude et peu compatible avec le confinement, notamment parce qu’ils disposent moins souvent que la moyenne d’une pièce dans laquelle s’isoler et sont moins bien équipés que la moyenne : ils sont ainsi près de deux fois plus nombreux (12%) que le reste des étudiants à ne pas disposer d’ordinateur personnel, à travailler et consulter internet exclusivement sur leur téléphone portable.


[1] Qui, encore une fois, ont répondu à l’enquête et ne sont donc pas les plus éloignés des préoccupations universitaires.

[2] Nous avons pris soin de faire figurer ici des citations d’étudiants de licence, de master, et de varier les filières d’inscription.

[3] Ils ont répondu 5 ou moins à la question « Si vous deviez évaluer votre situation financière et matérielle sur une échelle de 1 à 10 (1 étant une situation de grande précarité économique et 10 une situation confortable), où vous situeriez-vous ? Ils représentent 36,7% de l’échantillon.

Lien vers l’enquête complète: http://amiens-sociologie.fr/index.php/enquete-sur-le-confinement-des-etudiants-de-lupjv/

3. De l’inquiétude de contracter le Covid-19 à l’angoisse relative aux études

L’une des questions ayant motivé la réalisation de ce questionnaire était la suivante : en situation de crise sanitaire et pendant la mise en œuvre de la continuité pédagogique, combien d’étudiants sont-ils tombés malades ou ont-ils eu un proche touché par le virus ? Ils sont 22 (3,3%) à déclarer avoir développé des symptômes du Covid-19, pendant que 28,3% déclare ne pas savoir s’ils ont été infectés ou non. La prévalence avérée du virus est donc faible. Ce résultat est également à relier à la politique française de dépistage en mars-avril 2020 : un certain nombre des étudiants qui ont répondu « ne pas savoir » s’ils avaient eu le Covid-19 décrivent, dans la question consacrée aux autres pathologies subies pendant le confinement, des syndromes grippaux pouvant évoquer ce virus : ils ont donc fait preuve d’une certaine prudence déclarative. Les récits associés au Covid-19 (question ouverte), parfois très détaillés, soulignent l’incapacité à suivre les cours pendant cette maladie.

Les étudiants répondants sont peu nombreux à avoir contracté le Covid-19, mais le virus est présent dans leur vie et leurs préoccupations quotidiennes. Ils se le représentent comme une menace importante : alors qu’il leur était demandé d’évaluer, sur une échelle de 1 à 10, leur inquiétude relative à une contamination par le Covid-19 (graphique 5)[1], un tiers a répondu 7 ou 8 et plus de 10% 9 ou 10. Cette crainte trouve un terrain favorable dans la contamination de certains  proches : 22,7% des étudiants disent avoir eu des proches contaminés. La notion de « proche » est vague et c’est précisément ce qui en fait l’intérêt, notamment pour des études ultérieures[2]. Le degré de proximité de ces cas de contagion est extrêmement variable mais les membres de la famille et les amis proches sont nombreux et certains relatent le choc psychologique lié à la mort de grands parents, de parents ou de connaissances plus ou moins proches.

La focalisation médiatique et institutionnelle sur le Covid-19 ne doit pas faire oublier les autres problèmes de santé : pendant cette période, 24% déclarent avoir eu des problèmes de santé autres que le Covid, allant du rhume, de crises d’eczéma à des maladies chroniques (diabète ou maladie de Crohn par exemple) plus ou moins graves, en passant, le plus souvent, par des problèmes psychologiques. Nombre d’étudiants évoquent des syndromes anxieux, dépressifs, ou des crises d’angoisse attribuées notamment au confinement, à la solitude et à la peur de la contamination par le coronavirus. Ces difficultés psychologiques liées à l’épidémie et au confinement, et leurs implications sur les études, ne doivent pas être minorées.

Graphique 5. Degré d’inquiétude de contracter le Covid-19

Une certain nombre de déclarations viennent incarner ces angoisses, parmi lesquelles : « personnellement, c’est extrêmement stressant. Que ce soit pour les courses (d’un point de vue économique), pour les études (valider et trouver un master) pour la santé de mes proches et la mienne… d’autant plus que j’ai eu un décès suite à ce virus dans ma famille. Je dors très mal la nuit, par conséquent, la journée j’essaie de me reposer, mais je ne travaille pas… » (sic).

Associée à la situation de confinement, cette inquiétude de la contagion, exprimée très clairement par certains dans leurs réponses libres, se traduit par un fort stress, des difficultés de sommeil et surtout, fait massif, par une difficulté à se concentrer (graphique 6). Bien loin d’un temps libéré, propice à la réflexion et à l’introspection, nombre d’étudiants ont plutôt fait l’expérience de l’ennui et d’une incapacité à finaliser leur temps. En termes relationnels, on relève la fréquence de situations polaires (et pourtant parfois exprimées par le même enquêté) : l’augmentation des tensions avec les co-confinés (33%) et un sentiment de plus grande proximité avec eux (44%).

Graphique 6. Dans cette période de confinement et par rapport à la situation antérieure vous…

Si l’inquiétude face au virus est manifeste, celle concernant l’avenir (graphique 7), particulièrement les études, est plus intense encore : 60% se déclarent très inquiets (plus de 8 / 10 sur l’échelle de l’inquiétude) quant à leurs études.

Graphique 7. Degré d’inquiétude relative aux études

Les causes majeures d’anxiété sont nombreuses, et certaines viennent se surajouter aux incertitudes engendrées par les mouvements de grèves contre le projet de réforme des retraites et contre les orientations prévisibles de la future loi de programmation pluri-annuelle de la recherche, notamment la rétention des notes du premiers semestre, souvent évoquées, particulièrement par les étudiants de Licence. Les inquiétudes concernent au premier chef la question de l’évaluation, comme l’exprime cette déclaration :

« J’aimerais vraiment (et je pense que je suis loin d’être la seule) avoir plus d’informations sur comment nous allons être évalués… Même si aucune décision n’est prise, au moins avoir connaissance de ce qui pourrait éventuellement se mettre en place. Difficile de travailler et de se concentrer en cette période plus qu’incertaine, alors devoir rajouter à cela le stress de se diriger vers l’inconnu n’aide en rien… Bon courage pour la suite du confinement, prenez soin de vous et de vos proches. »

Les inquiétudes sur l’évaluation concernent celle du second semestre (76,2% des répondants), l’organisation des sessions de rattrapage du premier semestre (51,3%) et la validation de l’année (74,3%). Autre motif récurrent d’angoisse : les incertitudes relatives aux stages (report et annulation notamment), parfois précisées dans les questions libres et qui se traduisent par la peur d’arriver peu préparé sur le marché du travail. Les craintes sont aussi parfois plus génériques et moins définies : s’exprime ainsi une appréhension générale sur « l’orientation future et l’avenir en général » (51,5%), qui se décline chez les étudiants de licence inscrits dans des disciplines particulièrement sélectives, par la crainte de rester à la porte des masters. Dans certaines filières, la peur de ne pas obtenir à temps le titre permettant d’exercer, est source d’anxiété. Enfin, la peur de « ne pas y arriver », les difficultés liées au fait de travailler seul ou encore le fait de ne pas avoir fait le programme concernent un quart à un tiers des répondants.


[1] Ce résultat est nettement tranché, même si la question, « Si vous deviez évaluer votre niveau d’inquiétude concernant le risque de contracter le Covid-19, à combien s’établirait-il? » souffre d’une certaine ambivalence : l’angoisse peut être référée par les uns au risque de contagion, par d’autres à la sévérité de la maladie elle-même.

[2] On peut d’ailleurs se demander si cet épisode de crise n’a pas été, dans une certaine mesure, un moment de réouverture ou de redéfinition des frontières de la proximité familiale : on relève dans les questions ouvertes sur le sujet plusieurs mentions de grands oncles et grands tantes.

Lien vers l’enquête complète: http://amiens-sociologie.fr/index.php/enquete-sur-le-confinement-des-etudiants-de-lupjv/