Alexy – Argentine – Université La Plata

Je suis Alexy, j’ai étudié à l’université de La Plata en Argentine durant 2 semestres. J’ai validé ma troisième année de Licence Sociologie.

Qu’est-ce qui t’a motivé à partir dans un programme de mobilité ?

Je rêvais de partir étudier à l’étranger. Mon premier choix se portait spontanément sur les Etats-Unis. Ayant déjà eu la chance d’aller là-bas une semaine lors d’un programme d’échange au lycée, je voulais tenter l’expérience sur un an. Malheureusement, faute de savoir où se situer mon niveau d’anglais et le fait de devoir payer le TOEFL m’ont refroidi. Je me suis alors tourné vers les accords bilatéraux de l’UPJV avec des pays hispanophones. Je voulais partir loin et être un peu dépaysé, et l’université de La Plata non loin de Buenos Aires (40km) représentait une vraie opportunité pour moi. J’avais une bonne image de l’Argentine, et je me suis ensuite un peu plus renseigné sur le pays en lui-même afin de savoir où je mettais les pieds en postulant pour l’échange. J’ai ensuite été accompagné par les enseignants responsables erasmus du département de sociologie et par Mme ALVES dans mes démarches pédagogiques et mon programme d’échange.

Comment tu as organisé ton départ ?

J’ai eu mes résultats de ma 2e année et dans la foulée ma réponse positive concernant l’échange en Argentine. J’ai eu moins de 2 mois pour organiser mon départ. Je m’étais renseigné sur les dates de rentrée de la fac en Argentine pour arriver un peu avant. J’ai finalement réservé un billet aller simple (je ne savais pas à l’époque qu’acheter l’aller fixe + retour modifiable me couterait bien moins cher) sur JetCost en voyageant avec LATAM Airlines.

De mon côté j’avais déjà sondé les dossiers d’aides financières (bourse CROUS, bourse DAI, bourse départementale, bourse MERMOZ) il ne me manquait plus que les pièces justificatives tel que le certificat de scolarité de l’UPJV (je m’étais inscrits en juillet à l’UPJV, quelques jours avant de partir pour l’Argentine). Avec mon statut de boursier j’avais déjà quelques prévisions concernant l’obtention des bourses et des simulations faites. Je partais un peu dans le flou tout de même, chose qui m’inquiétait au début de mon échange. Lors des réponses positives des 4 bourses possibles, je fus soulagé et totalement prêt à profiter de cet échange sur ce continent inconnu !

Je suis parti en n’ayant pas pratiqué l’espagnol durant 3 ans. Néanmoins je savais qu’il me restait des bases solides de conjugaisons mais j’étais aussi conscient de mon manque criant de vocabulaire dans la vie quotidienne. Pour l’anecdote, j’ai emporté un Bescherelle avec moi pour avoir bonne conscience. Je l’ai ouvert 1h30 avant d’atterrir à Buenos Aires afin de me rafraichir un peu la mémoire. Je l’ai feuilleté pendant 20 minutes et je ne l’ai plus rouvert jusqu’à mon départ 12 mois plus tard. Je me suis forcé tout de suite à pratiquer la langue avec le plus de personnes possibles, des argentins et mexicains notamment afin d’améliorer mon niveau le plus rapidement possible pour être opérationnel et valider mes cours.

 Comment s’est passé ton premier cours ?

A vrai dire, je n’ai pas de souvenir exact de mon premier cours ! Mais au moment même où j’écris, je me souviens que c’était un cours sur les théories sociales latino-américaines, un cours intéressant mais que je n’ai pas souhaité continué. L’anti-européanisme y était omniprésent, cela permettait d’avoir un vrai regard décentré de la pensée et du postulat européen en sciences sociales. Néanmoins, j’avais plus d’affinité avec d’autres profs et d’autres cours.

La UNLP (Universidad Nacional de La Plata) est dans le top 3 des facultés du pays avec Cordoba et Buenos Aires. Elle est notamment réputée pour sa tradition militante étudiante depuis la fin des années 60 et sa reconnaissance à l’échelle continentale et internationale. Il faut savoir qu’environ 25% de la population de La Plata est étudiante, ce qui représente environ 200.000 étudiants dans une ville, capitale de la Province de Buenos Aires (Buenos Aires, la capitale, ayant son propre gouvernement autonome au sein de cette province).

Je n’ai pas rencontré de grandes difficultés en Argentine, si ce n’est éventuellement l’obtention du visa étudiant auprès des autorités (beaucoup de papiers) et l’apprentissage premier de la langue. Le plus facile était certainement aussi de pratiquer la langue et de progresser, je notais mes progrès au bout de 6 semaines déjà. Egalement, le contact humain est rendu bien plus facile avec les autres étudiants Erasmus ou non, et le fait d’être étudiant étranger, français qui plus est, ouvre des portes insoupçonnées eh ! L’Argentine aime la France, et la France aime l’Argentine !

 Tu pourrais nous décrire brièvement ton quotidien ?

J’avais 3 jours de cours au premier semestre et 2 jours de cours au 2e semestre, avec une charge horaire de 14h / semaine en moyenne ainsi que la validation de mes 3 matières pour obtenir mon semestre. Je ne participais pas à la vie universitaire en tant que telle, davantage préoccupé par les soirées Erasmus et les anniversaires que l’on fêtait toutes les semaines. J’avais plus de feeling avec un groupe d’étudiants mexicains et des argentins, j’étais donc peu souvent avec les français, d’ailleurs très nombreux en Argentine et qui étaient réputés pour ne pas trop se mixer avec les autres, ce qui était loin d’être mon cas !

L’Argentine est spécifique car ils ont un vocabulaire à eux, comme chaque pays sud-américain qui diffère de l’espagnol d’Espagne (qu’ils appellent d’ailleurs castillan et non espagnol). Egalement, ils ont une prononciation extrêmement distincte des autres pays hispanophones puisqu’il prononce tous les « y » et « ll » avec un « ch ». Le thème de l’inflation est une spécificité argentine également. Bien qu’étant un pays développé, ils connaissent une inflation des prix de 25 à 30% chaque année. Attention donc au taux de change qui fluctuent d’une semaine à l’autre, voire d’un jour à l’autre !

Ils n’ont pas de spécialité culinaire propre (très influencé par la culture italienne), si ce n’est le maté, une infusion amer qu’ils consomment toute la journée et qui a des propriétés énergétiques, nutritives, aphrodisiaques et addictives J Les argentins mangent tard (pas avant 22h00) et se lèvent généralement tôt (car la durée de travail est souvent de 42h / 48h par semaine).

Lors de mes 4 mois de vacances estivales (entre fin novembre et fin février), j’ai pu visiter le nord ouest-argentin, me rendre aux chutes d’Iguazu, aller en Patagonie, visiter plusieurs semaines tour à tour le Chili, le Brésil, le Pérou et la Bolivie en respectant mon budget. Je me suis également rendu dans la ville de Cordoba afin d’aller contempler la maison de Che Guevara, icône de la révolution cubaine et leader charismatique anticapitaliste.

Qu’est-ce que tu as envie de dire aux étudiants de sociologie qui hésitent à partir ?

Je n’ai aucun regret d’être parti, bien que je partais tout seul et que je savais que personne que je connaissais d’avant ne viendrait me voir. Je suis donc parti avec l’envie d’apprendre et de partager à mon tour, dans cette idée de don et de contre-don cher à Marcel MAUSS et de profiter de cette chose qu’est LA VIE.

Je dis maintenant « Erasmus, ça devrait être obligatoire ! ». Ca permet d’avoir une ouverture d’esprit, de se décentrer de nous-même et de nous recentrer à nouveau sur nous-même et sur les autres comme une sorte de processus de ré-ethnocentrisation non plus comme français européen, sinon comme citoyen du monde et être humain. Vous apprendrez beaucoup sur vous-même, les autres et vous saurez profiter de chaque instant que la vie vous offre. Se recentrer sur l’essentiel, le fait de vivre et de ne pas avoir de regrets, et encore moins de remords. L’enrichissement personnel, professionnel et linguistique est TOTAL. Alors n’attendez plus, foncez au DAI voir les accords bilatéraux, postulez et peut-être vivrez-vous comme moi une expérience humaine hors du commun en Amérique du Sud !

Mon mail : alexy-b@hotmail.fr

Alexy a témoigné de son expérience aux étudiant.es de L1, L2 et L3. Découvrez sa présentation (ppt): Alexy – Argentine