Depuis le 5 décembre, le mouvement social contre le projet de réforme des retraites a pris une ampleur inédite. Ni les vacances de fin d’année, ni l’enfumage du vrai faux retrait de l’âge pivot n’ont eu raison d’un mouvement qui s’est relancé dans d’autres secteurs. Les avocats jettent leurs robes et manifestent, les raffineries ne produisent plus une goutte de carburant, et les grèves se multiplient partout : dans les ports, les docks, l’éducation, les banques ou encore la culture. A l’heure où la jeunesse montre des signes de frémissement dans les grandes villes, le soutien de la population aux grévistes est constant.
Dans l’enseignement supérieur et la recherche, la mobilisation contre le projet de réforme des retraites se double depuis une dizaine de jours d’une forte dynamique de mobilisation contre le projet de Loi pluriannuelle de programmation de la recherche (LPPR). Un peu partout en France, d’abord dans le secteur L-SHS, mais également en mathématique et en physique, des labos, des UFR, des revues se mettent en grève et cessent leurs activités de recherche et parfois d’enseignement. Une coordination des facs et labos en lutte se structure. Elle rassemble déjà plus de 50 universités, des instituts et des établissements publics de recherche, plus de 20 sociétés savantes, des collectifs de précaires de l’enseignement supérieur et de la recherche et plus de 45 revues en lutte. Cette coordination est soutenue par des syndicats (FSU, CGT, Solidaires).
La lecture des rapports préparatoires publiés montre que la LPPR participe de l’entreprise de destruction du service public de l’ESR, c’est une «LRU au carré»: renforçant encore la logique managériale, elle programme notamment la suppression de la référence aux 192h (les services seraient comptés en ECTS !), la modulation des services, la mise en place de CDI « de chantier » liés à des projets, le contournement de la qualification par le CNU. C’est la poursuite de la généralisation de la « nouvelle gestion publique » qui touche d’autres services publics, comme l’hôpital ou l’audiovisuel.
Nous, enseignant⋅es-chercheur⋅es précaires et titulaires du département de sciences sociales de l’UFR SHSP de l’Université de Picardie Jules Verne, réuni⋅es en Assemblée générale, affirmons notre opposition au programme concerté de destruction de nos conditions d’emploi, de travail et de vie par les contre-réformes voulues par le gouvernement. Désormais, le département de Sciences sociales de l’UPJV se réunira chaque semaine pour décider des modalités de son action collective.
Aujourd’hui, le département décide :
- de reconduire les actions décidées le 14 janvier dernier : la suspension des jurys et la rétention des notes (et son engagement solidaire envers les personnels des scolarités à participer à la saisie des notes non communiquées, à la fin du mouvement) ;
- de transformer chaque journée interprofessionnelle de grève en journée d’actions et de manifestation et donc à suspendre les cours à chaque fois. L’emploi du temps sera aménagé afin d’éviter de suspendre régulièrement les mêmes cours si les journées de manifestations ont lieu les mêmes jours ;
- d’organiser, ce vendredi 24 janvier, de 11h30 à 13h30 (dans l’amphi C003, à la Citadelle), une réunion d’information destinée aux étudiant⋅es de notre département qui portera sur le projet de réforme des retraites et l’état du mouvement social, sur le futur projet de loi LPPR et ses conséquences s’il devait être adopté. Nous rejoindrons ensuite en cortège la manifestation interprofessionnelle à 14h devant la Maison de la Culture (MACU).
Nous appelons l’ensemble des collègues et des personnels de l’UPJV à :
- Initier (ou à poursuivre) et à renforcer l’action collective en organisant des réunions d’informations, des assemblées générales dans les services, dans les laboratoires, les départements, les UFR, en lien avec les étudiant⋅es ;
- participer aux caisses de grèves, aux AG et aux manifestations interprofessionnelles des semaines à venir contre la réforme des retraites et contre la LPPR, en constituant un cortège de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
Ce que nous voulons Au niveau national :
1) Le retrait du projet de réforme des retraites ;
2) L’utilisation des 6 milliards d’euros de la niche fiscale du Crédit Impôt Recherche pour financer :
* Un plan de titularisation des contractuel·les et vacataires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ;
* Un plan de création d’emplois de fonctionnaires, enseignant·es-chercheur·es, chercheur·es, ingénieur·es, technicien·nes, personnels de bibliothèques et administratifs, à hauteur de 6 000 créations par an pendant 10 ans ; et dès à présent, le dégel de tous les emplois vacants ;
* Une augmentation des dotations de fonctionnement des universités, permettant d’honorer les offres de formation dans lesquelles les étudiant·es s’engagent. Idem pour les laboratoires afin que puissent s’y mener à bien les projets de recherche sur lesquels ils ont été évalués et labellisés ;
* Un plan pluriannuel d’investissement immobilier pour la réhabilitation énergétique et la mise aux normes du patrimoine immobilier, ainsi que pour la construction de nouveaux bâtiments permettant d’accueillir les nouveaux étudiant⋅es et personnels.
* Une revalorisation salariale de l’ordre de 20% pour toutes les catégories de personnels.
A l’UPJV Nous demandons à la Présidence de l’UPJV :
1) de mettre en œuvre la mensualisation des paiements des vacations ;
2) de respecter l’obligation de signature d’un contrat de travail avant la prise de fonction, y compris pour les vacataires ;
3) la publication de l’ensemble des emplois gelés (toutes catégories de personnels confondues) ;
4) l’augmentation des primes pour les personnels contractuels comme pour les personnels titulaires : à travail égal, salaire égal ! ;
5) au Conseil d’Administration et au Conseil Académique de l’UPJV de prendre position sur la LPPR lors de ses prochaines réunions.